Le dérangement en photographie animalière
En tant que photographe animalier, j’apporte une très grande attention au respect des animaux.
Cela passe bien sûr par le respect de leur environnement : je laisse les lieux comme je les ai trouvés.
Je les rends même parfois plus propres …
Mais il y a une notion capitale pour moi : la quiétude de l’animal, ne pas le déranger …
Le dérangement : c’est l’action de gêner, troubler voir désorganiser quelqu’un ou quelque chose.
L’expression « en dérangement » est parfois même utilisée pour qualifier quelque chose de « hors service ».
C’est pourquoi il est important d’appréhender cette notion pour comprendre comment nous pouvons malheureusement avoir un impact négatif sur le comportement des animaux.
Dans certains cas cela peut leur être fatal !
Suivre certaines règles c’est tout simplement respecter votre sujet.
Ce joli lapin de garenne fait la sieste au soleil.
Tenter une approche aurait tout simplement mis un terme à cet instant de quiétude.
En gardant mes distances j’ai pu contempler la scène et faire une belle photo d’ambiance.
Règles comportementales
Il existe beaucoup de règles en photographie. On dit souvent d’ailleurs qu’elles sont faites pour ne pas être respectées.
Ce contre-pied s’applique aux grands principes de la photographie et c’est une réalité !
Mais ici je ne vais pas vous parler de ces fameuses règles des tiers, de composition ou de rapport vitesse/ouverture mais bien de règles élémentaires dans le domaine de la photographie animalière : les règles comportementales.
J’ai trop souvent vu des photographes prêts à tout pour faire « the best » photo ou alors par méconnaissance provoquer le dérangement d’un animal.
J’étais posté en affût et attendais que cela sorte face à moi..
Finalement c’est dans mon dos que tout s’est joué.
Ce magnifique brocard a été dérangé par des promeneurs et a pris la fuite .
Je n’avais qu’à saisir l’instant au bon moment
“Pour moi, la photo ne se voit pas, elle se ressent. Si vous ne ressentez pas ce que vous regardez, vous ne parviendrez jamais à faire ressentir quoi que ce soit aux personnes qui regarderont vos photos. » (Don McCullin)
https://quotepark.com/fr/auteurs/don-mccullin/
Cette citation ne vous évoque rien ? Bien sûr que si (du moins je l’espère!).
Respecter l’environnement des animaux
Ca semble effectivement naturel. C’est peut-être même un affront vous me direz mais il est bon de le rappeler :
En affût ou en billebaude, assurer vous de ne rien laisser sur le terrain. Nos déchets ne sont pas tous biodégradables. Vous voyez ce que je veux dire. Il m’arrive souvent de revenir de sorties photos avec quelques détritus abandonnés malencontreusement …
Respecter leur environnement c’est aussi respecter leur habitat.
Eviter de modifier la scène (pour avoir un meilleur arrière plan) en coupant des branches par exemple ou en déplaçant un nid pour ne pas être en contre jour.
Laissez à César ce qui appartient à César ! Il est tentant de ramasser les coquillages, de cueillir les fleurs … bref de prélever un bout de nature.
Apprendre à connaître les animaux, leurs mode de vie
Un classique, un incontournable même : apprenez tout sur votre sujet. Cela évitera les dérangements par inadvertance.
En effet, savoir si c’est une espèce nocturne ou diurne, sa période de reproduction, son habitat … Toutes ces choses essentielles qu’il est important de connaître avant de partir à la découverte de la faune sauvage.
Pour cela internet est une source intarissable d’informations.
Respecter les animaux c’est faire preuve de discrétion
J’en ai parlé dans mon précédant article de blog.
Pour ne pas être repéré et vous fondre dans le décor, adoptez l’équipement adéquat 🙂
Respecter les animaux sur le terrain …
Voilà, on y arrive. Comment respecter les animaux lorsqu’on veut les photographier sans les déranger ?
Vaste sujet n’est-ce pas ?
Vous vous imaginez en famille, à table et soudain débarque un troupeau de photographes qui brise votre intimité.
Je n’imagine même pas le chaos !
Laisser l’animal venir à vous
Ne poursuivez pas votre sujet. Rien de pire ! Vous provoquerez une situation de stress qui poussera l’animal à fuir. N’oubliez pas que nous sommes à leurs yeux un danger !
Dans le règne animal la mission première est la reproduction. Prenez conscience qu’un dérangement pendant la période du rut, la gestation … peut avoir des conséquence dramatique chez l’animal.
Et puis entre nous, une photo d’un animal qui prend la fuite ou avec une position de défense ce n’est pas ce qu’on recherche.
Il faut accepter que l’animal maîtrise la scène. Et c’est quand au bout de 10 sorties, 48heures d’affût … on arrive enfin à se laisser approcher qu’on ressent un réel sentiment de satisfaction
J’ai patienté des heures allongé à même le sol à l’attendre. Il est venu à moins de 5 mètres avant de regagner le bois..
J’étais dans un champs de blé et je voyais ces bois dépassés. J’ai croisés les doigts pour qu’il franchisse la dernière rangé d’épis !
Bingo ! un portrait au poil.
Eviter les photos au terrier ou au nid
On rêve tous de cette photo de renardeaux ou de jeunes chouettes chevêche! Et bien oui mais non. Comme je l’ai développé plus haut cela génère du stress pour les individus. Tant bien que les parents peuvent décider déplacer leurs progénitures. Ils s’exposent alors à de graves dangers et mettent toute la famille en péril.
Dans certains cas les parents peuvent quitter les lieux et abandonner leur descendance qui ne survivra malheureusement pas.
Je ne dis pas qu’il n’est pas possible de photographier ce type de scènes. Il faut juste garder vos distances !
L’environnement apporte de la force aux images. Il n’est pas toujours nécessaire de réaliser des gros plans pour faire le cliché parfait
Cette bergeronnette printanière se fond dans le décor.
Il m’aura fallu du temps pour la localiser malgré son chant mélodieux.
Ne pas manipuler les animaux
Créer la scène improbable d’un hérisson faire du tricycle, ou de la salamandre posée sur une belle feuille de nénuphar ! Vous avez compris l’idée.
Les animaux sont fragiles et en les manipulant nous pouvons les blesser, les contaminer, ou leur laisser notre odeur. Ils deviendraient alors vulnérables et pourraient en payer de graves conséquences.
C’est au photographe de se déplacer, de créer son cadrage, de transmettre sa vision avec la réalité de la scène
Cette image issue d’internet parle d’elle même.
Rien de vrai dans cette situation ! Pas de respect de l’animal c’est le seul message que je reçois
Eviter les mises en scène. Laisser faire la nature.
Ne pas appâter
Les animaux interviennent dans le cycle de la chaine alimentaire. Perturber ce processus n’est pas sans conséquence (le voir à l’échelle planétaire!) pour notre écosystème.
Au-delà de ce dérèglement, appâter les animaux c’est quelque part les domestiquer et ainsi leur faire perdre leur instinct sauvage. Les rendre alors dépendants de l’homme c’est participer à leur perte.
Cela pourrait même à l’extrême pousser certaines espèce à attaquer l’homme …
Cette image issue d’internet parle d’elle même.
Rien de naturel sur cette scène ! Et pourtant la photo finale peut tous nous laisser rêveur.
Ce type de réalisation va à l’encontre de toute démarche éthique.
La billebaude : technique qui consiste à marcher en plaine, forêt ou autres espaces naturels à la recherche de la faune sauvage. Pour cette discipline il est primordial d’être discret dans vos déplacements mais également de marcher face au vent. L’avantage de pratiquer la billebaude est que vous parcourez des kilomètres et que cela vous permettra également de faire du repérage pour vos prochaines sorties 😉. Vous n’êtes pas à l’abri de surprendre vos amis les animaux au coin du bois alors soyez prêts à déclencher car l’instant peut être furtif. L’inconvénient ou difficulté avec technique c’est l’approche des animaux. Vous serez généralement repérés avant même d’avoir pu les voir ( le bruit, votre odeur, votre silhouette … seront vos ennemis !)
Au final, bon ou mauvais photographe ?
Ah ce fameux sketch des inconnus sur les chasseurs … On peut le conjuguer à toutes les sauces !
Je dirai que par notre présence nous dérangeons les animaux. Notre odeur, le bruit que l’on peut faire en progressant dans les bois, notre présence …
Sauf que le bon photographe est capable de changer de chemin, de quitter les lieux car il sait qu’il pénètrera dans l’espace de l’animal et qu’il provoquera sa fuite.
En billebaude comme en affût, il est souhaitable d’être le premier sur les lieux et de repartir en toute discrétion.
Ma conclusion sur ce sujet est la suivante :
Le dérangement est l’action volontaire du photographe qui faire fuir l’animal par son comportement inapproprié.
Il faut savoir raison garder et ainsi se contenter parfois d’une simple entrevue avec les animaux que la quête absolue de la photo parfaite (qui n’existe pas d’ailleurs).
N’hésitez pas à me partager votre vision du dérangement et à me laisser un commentaire 😉
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